Blocages et Reconversions


A - Blocage épistémologique

La médecine égyptienne était très bonne pour l'époque mais avait quand même des lacunes. Ils ignoraient que le cerveau était lié à la pensée, c'était le cœur qui pour eux était le centre de la raison. Ils croyaient également que le sang, l'urine, les excréments et le sperme circulaient constamment dans l'organisme. Sans ces connaissance qui sont quand même essentielles, ils ne pouvaient trouver de meilleurs idées pour conserver un corps et ses viscères. En effet, la technique utilisée aujourd'hui pour embaumer un corps consiste à injecter d'un produit aseptique et stérilisant, et de drainer les liquides corporels pour les extraire du corps. Cette technique demande une connaissance parfaite des réseaux veineux et de ce qui y circule.

B - Blocage religieux

Le réel déclin de l'art de l'embaumeur eut lieu au IIe siècle apr. J.-C. En effet, l'avènement du christianisme en Egypte stoppa cet art. La population n'a pas entièrement rejeté ses croyances antérieures, elle a plutôt enrichi la nouvelle religion en y intégrant des éléments traditionnels égyptiens.

Cependant, les pères de l'Eglise refusèrent catégoriquement le principe de l'embaumement car, pour eux, les morts doivent retourner à l'état de poussière. Une âme pure suffit maintenant pour la vie éternelle. L'Eglise chrétienne considérait en fait la momification comme la manifestation répréhensible de la vanité humaine, qu'elle ne pouvait admettre au mieux que pour les saints ou les grands dignitaires ecclésiastiques. Progressivement, donc, la technique de momification s'est transformée en vestige d'une civilisation païenne.

C - Reconversion : du médicament au passe-temps social

Pour conclure sur les momies égyptiennes, je décrirais comment elles ont été considérées en Europe et plus précisément à quelles filières techniques elles ont contribuées.

Dès le début du Moyen-Age, les européens ont extrait des momies égyptiennes divers baume censés guérir de toutes sortes de maux.

Les momies sont devenues des marchandises ; l'Egypte guérit les blessures et le pharaon est vendu sous forme d'onguent.
Thomas Brown, Philosophe anglais (1605-1682)


En fait, on grattait sur la momie les huiles résineuses utilisées par les embaumeurs, afin de récupérer la " mumie ", bitume originaire de la mer Morte et de la Mésopotamie, trop cher et difficile à obtenir directement. Plus tard, les marchands se faciliteront encore la tâche en réduisant directement en poudre des momies entières.

Au XVIIe siècle, les princes et érudits d'Europe ont constitué des cabinets de curiosités dans lesquels entraient des œuvres d'art et toutes sortes de curiosités venues de contrées lointaines. Les momies égyptiennes étaient particulièrement appréciée, car elles étaient un instrument à la fois scientifique et artisanal. On commence donc à les collectionner et les musées s'en passionnent.

Ce qui amplifia cet engouement fut la campagne d'Egypte de Napoléon. Les savants qui l'accompagnait étudièrent de près cette civilisation mystérieuse et ramenèrent toutes sortes d'objets.




Au XIXe siècle, l'Egypte et la Terre Sainte étaient le passage obligé des jeunes nobles qui accomplissaient leur " grand tour ", et une momie était un parfait souvenir.

Des nos jours, les momies passionnent car elles sont plus qu'un simple objet, elles sont le témoin de leur époque. En effet, grâce aux nouvelles techniques de pointe de radioscopie, les analyses des momies nous apportent beaucoup de renseignement sur la vie quotidienne des égyptiens : leur espérance de vie, leurs maladies et affections etc.

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